Vendredi 10 juin 2011
Catamayo – Col avant Cariamanga
Distance parcourue : 37,77 km
Vmoy : 6,4 km/h Vmax : 36,6 km/h
Température : minima : 15°, maxima : 35°
Dénivelée positif : 958 m
Dénivelée négatif : 269 m
Heures sur le vélo : 5H51’09 »
Départ : entre 8h30 et 9 heures
Arrivée : tard, vers 17 heures 30
Résumé de la journée
- Objectif : avancer, je ne sais pas trop jusqu’où
- Conditions météorologiques : bonnes
- Etat de santé : bon
- Particularités de la journée : c’est tout comme je pensais, une super petite route sans circulation et ça monte et le paysage est superbe, un peu de difficultés à trouver un endroit où bivouaquer, mais bivouac tranquille
Hier soir en faisant mon petit tour dans la ville je suis passée à l’office du tourisme qui était ouvert, détail intéressant ils ont des cartes à grande échelle (sans le kilométrage mais avec le relief, cela me conforte dans mon idée de chemin de traverse, je vais prendre une petite route de montagne…) (quand je pense que la Panam descend doucement vers Macara…) Et bien oui, ce sera une petite route de montagne au-delà de toutes mes espérances…
Je quitte Catamayo, la température est douce, à 10 heures 30 je me mets en short, un vrai bonheur… Je remonte une vallée chaude qui en temps normal doit être aride mais qui là est verdoyante, au fond coule le rio, (la photo c’est le rio bien plus haut…)
Une irrigation permet la culture de canne à sucre.
Je laisse sur ma droite le petit village de La Vega et je monte, je monte, je monte…
Le matin la circulation est nulle, il y en aura un peu en début d’après-midi puis plus rien.
Le paysage bien sûr est d’enfer.
La route au départ très correcte se dégrade petit à petit, mais cela je m’en doutais…
Non, là ce n’est pas mon chemin…
Et ça n’en finit pas de monter et de monter, car après avoir remonté le rio la route s’attaque carrément à la montagne, et je monte et je monte, les villages sont absents et le maisons rares.
Je vais quand même en traverser un où les enfants jouent à un drôle de jeu…
Et où les chiens sont muselés…
L’après-midi je me fais une petite pause boisson chamallow, maintenant c’est moi qui offre a manger. Je suis assise sur le rebord d’un passage pour l’eau, un homme me dit que c’est dangereux, de faire attention de ne pas m’endormir et de ne pas tomber, je lui réponds qu’il n’y a aucun risque, nous parlons, il me demande si je suis armée, je lui réponds que ma seule arme est mon sourire, ça et le chamallow tissent des liens… Puis passe une femme et son enfant, reoffrage de chamalow, et là la femme raconte, il n’y a pas longtemps un homme s’est tué là, il avait fait comme moi, il s’était assis sur le rebord, s’est endormi et est tombé… Deux fois déjà ici j’ai vu des gens tomber pendant leur sommeil, un homme sur le bord de la route, et un enfant sur un fauteuil, mais un grand enfant de 8-10 ans…
Allez courageusement je repars, et ça monte, ça monte, ça monte…
Et c’est très, très, très beau…
Sur un kilomètre la route est mouillée, il a du pleuvoir, moi j’ai eu du beau temps. A un moment il y a un espèce de je ne sais quoi, buvette, épicerie, resto, ou peut-être juste un point de rencontre, je suis tentée de demander l’hospitalité, ce serait le mieux, vu l’état de fatigue, le froid qui a commencé à me saisir, l’heure avancée de la journée et la pluie qui menace mais le regard goguenard d’une dizaine d’hommes qui sont là me décourage. Je vais rencontrer deux hommes complètement ivres qui titubent sur la route, l’un porte une bêche, j’ai un peu peur, puis je me rends compte que son état d’ébriété est tel qu’il est inoffensif, une chiquenaude le jetterait par terre. Alors je continue de monter et je n’en peux plus et ça fait bientôt 1000 mètres de dénivelée dans les jambes et j’attends toujours que l’on me calcule les calories que je dois incurgiter pour monter mon vélo et son chargement (soit 60kg) et la pédaleuse (entre 45 et 50 kg)… Je suis très haut dans la montagne quand je vois un hameau de quatre maisons. Je vois d’abord deux hommes, je demande où je peux planter ma tente, là, ou là et il faut attendre la duegna jusque 19 heures. Non pas question d’attendre 19 heures un hypothétique endroit où dormir. Sur le pas de porte de la maison suivante une jeune femme distinguée avec un joli chapeau, je lui demande, pas de problème je peux poser ma tente là, il y a un super carré d’herbe, et pour manger et boire ? Parce qu’il y a une tienda, tenue par sa maman. J’ai ce qu’il faut pour manger, je renouvelle ma provision de boisson. Et pourquoi je ne vais pas au village plus loin, il est à un quart d’heure ? Non, je reste là, le village plus loin peut-être qu’il est à une heure ou qu’il n’existe pas, on m’a déjà fait le coup. Et puis la jeune femme m’offre un cuatro, en fait une place dans sa maison plutôt moderne, très propre avec une pièce unique, je la rassure sur le fait que je n’aurais pas froid dans ma tente. Mon vélo aura droit d’asile dans son hangar, et cette nuit elle, sa mère et son père vont veiller sur moi et de toute façon la région est très sûre. Autre pays, autre mœurs, au Venezuela ça tournait à la paranoia la peur du village voisin et les dangers de toutes sortes, ici on s’enorgueillit du fait que la région est très sûre. Il pleut, il fait froid, le temps que je boive un sprite bien mérité à la tienda mes affaires se sont mouillées. J’installe ma tente sous la pluie, m’offre quand même ma douche de dépoissage maison. A ce moment-là la jeune femme m’apporte une tisane bien chaude d’herbes encore miraculeuses. Le lendemain je demanderai à bénéficier de ses toilettes, nickel chrome et moderne les toilettes. Je ne sais de quoi elle vit, visiblement elle est seule avec un enfant. Dans ce hameau une autre tienda, une autre famille, ils ne s’entendent pas…
Mais avant j’aurai droit à un dernier clin d’œil de la nature…
Bonsoir,
Enfin des nouvelles, des photos, super, mais que de risques, même de s’endormir sur le bord du chemin ?
Bon continue tu vas y arriver, les soit « disant chemins de traverse » tu sais la ligne la plus courte ce qu’elle est!
Mais le paysage ne sera pas le même non plus, on ne saura pas, car moi je n’irai pas.
J’ai pris mon atlas et le globe pour suivre ton tracé, ce n’est pas évident.
Bisous mylaine
Alors la route que j’ai pris ne porte pas de numero sur mes cartes mais j’y ai vu un tres viel ecriteau ecrit E35, peut-etre que c’est un tres vieux trace de la Panam, mais j’en doute, le chemin est tellement plus facile sur le trace de la Panam entre Loja et Macara, sur ma carte c’est aussi marque en route impraticable par temps de pluie et chemin empierre, donc piste, voila je te donnerai tous les noms des hameaux pour que tu essaies de trouver, bisous a toi et a ta famille
Belle journée que tu viens de passer ! C’est réconfortant après ces derniers jours pas terribles.
Bises à toi et à ta bicyclette (allons, soyons fous !)
Mon chemin de traverse c’etait rop genial… Et du calme avec ma bicyclette, c’est mon amour…
Besos
Tu as vécu des moments dangereux, ton corps a bien souffert, mais tu as été récompensé de tes efforts en découvrant des paysages magnifiques et pour toi toute seule. Prends soin de toi, relâche un peu la pression peut-être. Merci pour toutes les news et les photos. C’est bon de te suivre et de lire. Besos
Oui, c’etait trop genial, merci de me suivre si fidelement, bisous a toi