J74 : lettre de reclamation aux gentils organisateurs
Mardi 5 avril 2011
Natagaima – Alpe
Distance parcourue : 53,53km
Vmoy : 11,5 km/h Vmax : 49,3 km/h
Température : minima : 26°, maxima : 43°, le plus souvent 42°
Dénivelée positif : 276 m
Dénivelée négatif : 306 m
Heures sur le vélo : 4H38’27 »
Départ : 7 heures 45
Arrivée : vers 15 heures dans la chambre
Résumé de l’article
- Objectif : m’avancer le plus près possible du désert pour ne pas m’y engager avec 20 ou 30 km dans les pattes
- Conditions météorologiques : Couvert au lever , puis soleil, chaleur très intense, 42° toute la journée.
- Etat de santé : excellent (doigt toujours pendouillard), la bonne nuit m’a fait du bien.
- Particularités de la journée : rien de ce que l’on m’avait annoncé, d’où ma lettre de réclamation, ni désert à franchir, ni les 60°, pas de militaires pour me protéger, pas de fumée aux volcans, une super route, un joli paysage, un (un seul risque de chutes de pierre), je retouche presque la Cordillère, voilà belle journée
Lettre de réclamation aux organisateurs de ce périple en x points
1. Premier point : le désert
On m’a dit 50 km de désert, je me prépare donc, je fais la veille une journée de dingue pour n’avoir que le désert à traverser, il y a 50 km, je fais provision de liquide. Je me couche tôt et me lève à 6heures (depuis 5 heures les coqs chantent, au passage ce n’était pas utile de les programmer si tôt), ça ne bouge pas trop dans l’hôtel, pourtant mon admirateur d’un soir m’a dit qu’il partait à 6 heures. A 6h30 je suis devant la porte de l’hôtel, fermée. Je regarde par le judas ça bouge dans la rue. Je descends mes sacoches à moitié dans l’escalier, sinon on ne pourra plus ouvrir la porte, je fais un peu de bruit et j’attends. A 7 heures la dame peu agréable de l’hôtel (j’ai remarqué que les commerçants sont en général peu agréables) se lève et ouvre la porte. Je vais vite faire les courses que je n’ai eu le temps de faire la veille, je déjeune, fais du gymkhana pour récupérer mon vélo entre les motos, la dame de l’hôtel se balance dans son fauteuil. Je charge mon vélo, départ 7h 45, et je roule en direction du désert, kilomètre 5, pas de désert, un grand volcan. Effectivement je ne vais pendant 51 km ne rencontrer qu’un village de 4 maisons et une école et plus loin deux autres maisons. Le volcan est superbe. Kilomètre 28, point restauration, buvette et même hôtel d’allure très sympa où je m’arrêterai bien. Je bois un coup, je mange mes derniers carrés de lait concentré sucré. Je repars, de désert nenni, une oasis, oué mais les oasis c’est dans le désert, ce n’est pas là comme ça au milieu de l’herbe un peu moins verte mais herbe quand même. Et ce n’est pas la peine de mettre des cactus pour me faire croire que je suis dans le désert, le désert c’est jaune. Et ce n’est pas non plus la peine de me mettre des paysages spectaculaires pour me faire oublier ma quête du désert, et j’avais pas demander non plus de descumbre et de chutes de pierre et qu’on me dise de prendre mes précautions, oué je veux bien moi, mais quelles précautions ? Et au bout de 40 km me mettre un écriteau avec écrit dessus en français (deuxième fois que je vois quelque chose d’écrit en français dans ce pays) «désert de Tatacoa». c’est cela un détour de 100 km, et encore si c’était pour aller dans la Cordillère occidentale, non ça me fait retourner dans la Cordillère orientale. Un coup monté cette histoire de désert, d’où ma réclamation. Et une super route avec des passages un vrai billard et toujours une voie spéciale pour moi en excellent état ce n’est pas du désert ça, et mettre quelques montées histoire de dire que je ne me suis pas préparée au pire pour rien, ce n’est pas du désert.
2. Deuxième point les températures :
Vous m’aviez dit messieurs dames les gentils organisateurs que j’allais devoir affronter des températures supérieures à 50°, même supérieures à 60°, vous m’aviez dit que mes pneus allaient exploser. Je prends toutes mes précautions, casquette sur la tête, crème solaire bras couverts, crémage répété ( je prends quand même deux coups de soleil), de l’eau en quantité pour m’arroser. Je bois comme un trou. Et bien j’ai beau avoir les yeux rivés sur mon compteur, la température ne dépassera pas 43° et se maintiendra toute la journée à 42, les pneus n’éclatent pas, j’évite de freiner pour la surchauffe, ouf je ne me fais pas prendre en excès de vitesse par les policiers avec leur radar jumelles, le camion extra-large lui n’échappera pas au contrôle. Et ce n’est pas la peine de mettre 35° dans la chambre et de m’obliger à prendre deux douches froides en une demi-heure histoire de vous justifier, non je réclame, vous m’aviez promis plus de 60°, j’attends…
3. Et la guerillera ? Ah oui la guerillera c’est après Neiva… En attendant Janodou il avait dit qu’il se chargeait de ma protection via les militaires, et bien le sieur Janodou il bivouaque place de l’Etoile ou place de la Concorde, je sais plus, et il a oublié mes militaires. Ils sont où ? Je n’en ai vu aucun aujourd’hui, ah oui il faut que j’attende le Sud de Neiva et les paramos, et il y aura pas de village, pas d’hôtel et je vais devoir bivouaquer au milieu de la guerillera qui s’intensifie la nuit et je devrais vous croire ? Oué le désert, les températures, d’accord il y avait beaucoup de morceaux de pneus au bord de la route mais pas 60°, moi je suis déçue.
4. Et les volcans ? Parlons-en des volcans, pendant 5km j’en ai un en ligne de mire, il est magnifique, mais il ne fume pas, moi je veux un volcan qui fume. Et les immenses bombes volcaniques, pourquoi les avoir mises dans un endroit où je ne peux m’arrêter pour les photographier, personne ne voudra me croire, et ce n’est pas la peine de me proposer à la place un beau bébé volcan avec ses bombes volcaniques, d’abord il est que bébé le volcan et en plus il fume pas
4. Et pour quoi me tenter encore avec cette histoire d’échange ? Vous m’aviez dit tout en vélo. Alors pourquoi mettre sur la droite de la route une famille qui pique-nique et le fils dans la pirogue et sur le coté gauche un superbe rio, majestueux, moi je veux faire du bateau. Et puis dans le désert il n’y a pas de rio, d’accord j’en vois des petits presque à sec, quand même c’est pas le désert
5. Oui cinquième réclamation, pourquoi me faire accompagner par un homme à bicyclette chargé un max de bois, pourquoi le faire suer sang et eau dans les montées, histoire de ne pas me lâcher, et dans les descentes il a beau faire, il ne peut suivre, il finira par me rattraper tandis que je bois mon petit coup dans la zone de repos, il me dira que je suis très forte, non je pense que c’est le vélo qui fait la différence
6. Sixième réclamation pourquoi m’avoir dit de nettoyer chaînes et autres machins avec le diésel, c’est vrai que ça fait du cambouis et je redéraille et je suis obligée de nettoyer le tout sous 42 degrés, ok c’est pas 60 mais quand même. Alors diesel ou essence, l’essence c’est très agressif, mais je crois que je vais retourner à mes premières amours
7. Dernière réclamation, pourquoi fermer tous les restaurants quand je me décide à manger , je crois même que ce jour est férié quand je me rends compte qu’il est 14 heures ?
8. Non j’ai encore une réclamation : ce n’est pas la peine de me mettre de la chaleur et une fenêtre à ma chambre de manière à ce que je puisse faire sécher mon short si c’est pour me mettre une bête préhistorique dedans qui me fera pousser un grand cri, lequel ne réveillera pas l’hôtelière.
9. Encore une de réclamation, pourquoi mettre de temps en temps sur ma route des monstres rugissants et rutilants, histoire de me faire peur avec ce que peut-être la PanAm et m’envoyer alors dans des zones de guerillera, de paramo, de routes dépavimentées, de descumbre et de je ne sais quoi encore ? Alors ou vous m’enlevez tous ces engins à moteurs de la PanAm ou vous arrêtez de me faire peur avec mes chemins de traverse.
En espérant , mesdames, messieurs les gentils organisateurs la prise en compte de mes réclamations, je vous prie d’agréer patati et patata, quand même c’était super de chez super….
P.S. J’ai oublié les saisons. Avril c’est le mois où il pleut le plus en Colombie, alors pourquoi depuis le premier avril plus de pluie dans la journée, la nuit ça compte pas, ceci étant dit, je ne me plains pas…
P.P.S. On vient encore de me mettre en garde pour la guerilla au sud de Neiva, bon je serais demain à Neiva, je prendrai alors ma décision
Bisous tout le monde
Toujours ton humour qui est un bon baromètre de ton état de forme olympique.
Allez Françoise, donne-nous encore des leçons de bravoure, à moins que ce ne soit de la bravitude ?
Besos
Si je te dis que la route où je suis ici ils appellent ça el trampolino de la muerte, soit le trampolin de la mort c’est de labravoure ou de la bravitude ? Besos
C’était quoi la bête ?
Juste un grillon, mais quand on s’y attend pas on crie…