J389 : passer un paso, repasser une frontière, des camions qui se font rares, un orage qui ne me tombe pas sur la tête, des jambes qui tournent c’est une merveille, une rencontre magique, la descente d’un grand huit, le vent qui ne me jette pas par terre, et puis un petit coin de paradis, le bonheur, plus encore…

Dimanche 12 février 2012

Refugio Acacongua à los Penitentes – Hosteria la Gringa à Rio Colorado en el camino internacional

Kilométrage : 74,64 km
Vmoy : 11,8km/h, Vmax : interférences électromagnétiques
Heures sur le vélo : 6h16’59 »
Température : 15° à 28°
Dénivelée : positif : 581m, négatif : 2148m dont à mon avis 1500 sur 10 km…

Je ne sais par où commencer tellement cette journée a été riche en émotions…

Hier soir au refuge-hôtel sont arrivés plusieurs personnes qui s’en allaient gravir l’Aconcagua. Une des cordées le faisait sur 25 jours, oui, monter, descendre, remonter, descendre sont les meilleures chances de succès. Moi je sais que j’ai fait le bon choix pour moi…

Allez hop, on s’en va, pas trop tôt à cause de la circulation du matin

Et c’est parti

Une petite photo pour ma collection, ce sont les chevaux ou les mules qui transportent tout le matériel au camp de base de l’Aconcagua.

Et moi je monte, je monte et parfois ça monte dur, mais je pédale bien.

Et devant tous ces cailloux je suis dubitative, lequel peindre en vert fluo pour le sieur Janodou ?

Oui, parce que là il faut absolument s’arrêter pour voir une curiosité de la nature…

Là je retrouverai le couple de jeunes français d’hier, en stage pour cinq mois à Mendoza et qui ont dans les yeux leur jeunesse et le bonheur de la découverte. Et puis, j’avance, j’avance, ça monte et c’est beau.

Un dernier adieu à l’Aconcagua

Où l’orage gronde à mourir…

J’ai froid, vite  je me couvre, grosse polaire, pantalon polaire, bonnet gants écharpe, la totale quoi.
L’orage gronde de plus en plus, je fais le sauve qui peut de la
pluie, je retrouve les gestes tant pratiqués et si vite oubliés, je
pédale sous le soleil depuis combien de mois ? Oué, je sais, c’est pas juste… Le sauve qui peut général fait s’échapper l’orage et je ne prendrai que trois gouttes.

Le vélo il est comme moi, plein, plein d’émotions, passer un paso, peu importe qu’il ne soit qu’à 3200, ça le remplit d’émotions, retraverser une frontière aussi, alors il ne couine pas et avance bien. Comme prévu, le dimanche la circulation est rare et le paysage toujours aussi beau…

Et les vestiges du train me remplissent de tristesse, après interrogation de la population locale, le train est abandonné depuis longtemps, et le pont tout neuf en bas ? On ne
sait, on se pose des questions…

La montagne prend un aspect méchant

Et moi je me rapproche des glaciers

Et voilà, j’ai fini de monter, je suis à 3200 mètres et là j’ai une grande angoisse, j’ai dépassé la frontière sans la voir, incroyable, il n’y a qu’à moi que ça arrive ça, je regarde ma carte, oui, c’était plus bas, j’interroge la population, oui, c’est plus bas, il faut que je redescende et remonte ? L’horreur… Je réinterroge d’autres populations (maintenant j’ai compris que les gens racontent n’importe quoi, il faut recouper les renseignements), non, la nouvelle frontière est conjointe, Argentine et Chili et se trouve 5 km après le tunnel.

Quand au tunnel, aucun problème pour le traverser (j’en veux encore aux esprits chagrins qui m’ont fait peur avec ça), après une visite guidée de la salle de contrôle…

J’ai droit à une camionnette de transport, gratuite en plus, et j’apprends que ce service existe dans toute l’Argentine et le Chili pour traverser les grands tunnels…

Après l’embarquement c’est le débarquement…

De l’autre coté du tunnel, un autre monde… Des montagnes abruptes austères et qui me font peur…

Après avoir fait attention aux avalanches

Je pénètre de nouveau au Chili (ce n’est que la troisième fois)

Où je me fais de nouveaux amis ( encore des brésiliens)

La zone quant à elle est abandonnée par les hommes

Et je retrouve quoi au Chili ? Avant mes amis c’étaient les nuages et maintenant ? Le vent… Il souffle fort, je vais l’avoir contre tout le long de la descente et il va même me déstabiliser…

En attendant je vais où ? A droite ou à gauche ? Dans le doute et n’ayant pas envie de remonter le paso dans l’autre sens, je vais demander aux hommes du tunnel, bon, bin, c’est pareil, je choisis la voie de droite.

Voilà le poste frontière, le vrai, pas celui qui est sur la carte, et excusez moi du terme, c’est le vrai bordel…

J’apprends par un passant que moi je dois aller en bas

Parce qu’en haut c’est pour les bus…

Là je tombe dans le surréalisme, il fait froid, le paysage est inquiétant, le vent souffle, nous sommes à près de 3000 mètres et on me donne en plein air des papiers à remplir, me voici à quatre pattes par terre, avec les papiers, le vent furieux, le froid, évidemment mon feutre qui a du mal à écrire… Je me crois sortie d’affaires, non le papier il faut le rendre à un autre guichet, évidemment je choisis la mauvaise file, devant moi quatre voitures, ça va durer deux heures, vrai de vrai… Pour contrôler ils contrôlent… Les coffres sont ouverts, fouillés, le chien renifleur est de la partie… Moi la contrôleuse va s’arrêter à la première sacoche se demandant pourquoi je transporte tant d’eau, je renonce à lui expliquer que depuis la vueltita d’Enzo, la traversée du désert d’Atacama et encore il n’y a pas longtemps quand je me suis couchée avec la soif (c’est horrible ça), depuis tout ça j’ai deux litres d’eau d’avance pour on ne sait jamais, des fruits ? Du fromage ? NONNNNNNNNNNN, que des galettes, elle abandonne la partie assez facilement…

Pendant ce temps je photographie et rephotographie la falaise

Les cimes enneigées

Et mes amis les motards qui ont choisi une meilleure file…

Je me dis qu’il faut bien être chilien pour avoir mis des remontées mécaniques là

Enfin me voici à la sortie

Dans tout ça j’ai faim, je n’ai pas mangé depuis le matin, voulant tellement réussir à franchir ce col dans la journée, mais il n’y a plus rien que des rocs…

Quand soudain une flèche : Portrillo, station de ski dans les falaises avec un hôtel-restaurant. Je vais y découvrir un superbe lac… La laguna de los Incas

Je mangerai dans un hôtel de luxe un sandwich poulet avocat (délicieux le sandwich), et pourquoi un sandwich ? Parce qu’il est 16 heures, et qu’à cette heure là, on ne sert plus à manger;

Et je vais faire une de mes plus belles rencontres, l’échange ne va durer que quelques minutes, il va me chanter une chanson… Oui, le voyage c’est ça aussi, quelque chose d’indicible qui se passe, qui ne se reproduira pas, mais que vous n’oublierez jamais… C’est comme le sourire de Catarina, vous vous
rappelez ? En Équateur, le col venté, froid et pluvieux, le buenas noches senora, le bracelet que j’ai toujours au bras…

Quand à Wendy, elle continue de me suivre…

Quelques maisons tout de bleu vêtues

Et j’entame la descente, on m’a mis en garde, vous avez de bons freins ?

Mais c’est que ça se corse

Ici c’est comme à l’Alp d’Huez, les virages sont numérotés, il y en a 33

Sauf que là ce ne sont plus des virages mais le grand huit… La route descend carrément dans la falaise…

Je suis extrêmement prudente, les camions le sont encore plus que moi et je vais en doubler un par la droite. Une courbe sur deux je suis très bousculée par le vent, j’ai à nouveau la main droite vrillée par la douleur (là où le plâtre était le plus serré, mais c’est une complication normale, parait-il), je vais vous dire c’est comme descendre une piste noire verglacée, vous comptez les virages, franchement j’arrive en bas, je tremble comme une feuille morte et suis contente que ça s’arrête…

En plus il y a des galeries pare-avalanches et dans deux d’entre elles je vais me faire surprendre par l’obscurité…

Et puis je vais retrouver une vallée verdoyante

Avec toujours un vent contre extrêmement fort, la première hosteria est fermée, puis je trouve des cabanas, je trouve que c’est très cher pour ce que c’est…

Je décide d’aller jusqu’à los Andes, une montée d’un kilomètre va me faire juste un peu souffrir, et je découvre ce petit coin de paradis…

La maison a 150 ans, avant c’était une allemande qui était là, les gens de maintenant y sont depuis des années, les coins et recoins du jardin m’enchantent, le vent est cassé par les arbres et ma chambre est verte…

Voilà, c’était le Paso Cristo Redentor…

Bisous tout le monde

 

 

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Une réponse à J389 : passer un paso, repasser une frontière, des camions qui se font rares, un orage qui ne me tombe pas sur la tête, des jambes qui tournent c’est une merveille, une rencontre magique, la descente d’un grand huit, le vent qui ne me jette pas par terre, et puis un petit coin de paradis, le bonheur, plus encore…

  1. JANODOU dit :

    Si tu pouvais m’aider à retrouver la route que je l’inscrive à mon parcours, c’est tellement beau !
    Hasta pronto y besos, muchos besos

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