Vendredi 7 octobre 2011
Santa Rosa – Pucara
Distance parcourue : 76,17 km
Vmoy : 13,5 km/h Vmax : 44,8 km/h
Température : minima : 3°, maxima : 28°
Heures sur le vélo : 5H38’31 »
Départ : 9 heures 00
Arrivée : 16 heures 45
Résumé de la journée
- Objectif : Pucara
- Conditions météorologiques : neige puis nuages et éclaircies, vent faible mais favorable puis orage et trombes d’eau
- Etat de santé : meilleur, le genou gauche s’est calmé, le genou droit c’est supportable, je mouche et crache du pus mais ça ne me gène pas trop, dans la piste qui mène à Pucara je ne crie plus, habillage et déshabillage restent laborieux, je sens que la forme que j’avais avant ma chute-fracture revient peu à peu, les dents recommencent à me chatouller, la panne de la brosse à dents électriques ou les de Cusco ?
- Particularités de la journée : Un altiplano enneigé… Puis normal, j’adore les deux, je pédale bien.
Je croyais que le Pérou m’avait tout donné, à Cusco déjà le lui disais au revoir, et voilà qu’il me donne, encore, et encore, hier avec son col à plus de 4300 mètres et aujourd’hui ???????
Il NEIGE SUR…
L’ALTIPLANO…
Remarquez que je pars avec le sourire, mais la neige j’adore… Je reconnais que si j’avais été bien dans l’hôtel je serais restée, mais ils avaient du traiter le bois avec un produit, l’odeur me gênait tellement et la fenêtre étant coincée que j’ai dormi la porte ouverte, espérant que le chien ne vienne pas manger mes maigres provisions… Il a plu une grande partie de la nuit… J’étais tellement cassée la veille que je n’ai même pas sorti mon ordinateur… Comme d’hab dans la nuit je me suis réveillée pour manger… J’ai trouvé qu’à 5H30 du mat ils faisaient un peu de bruit, sauf qu’il était 6h30… Le plafond nuageux était très bas, cela ne m’a pas trop inquiété, je pensais sincèrement que j’allais descendre et échapper à ces nuages et que cela allait se lever…
Le froid m’avait fait fermer la porte… Je me prépare, je sors et là, stupeur, il neige…
Alors voilà, je vais naviguer, euh, pédaler sur l’altiplano toute la journée et j’adore…
L’altiplano comme vous le verrez rarement…
De plus près…
Rapidement tout part en fumée…
J’ai même droit à mon petit train, le premier depuis deux jours, la route continue à être quasi déserte.
Les vaches paissent, j’ai vraiment des idées de peinture qui me passent par la tête, que de choses je vais avoir à faire à mon retour…
Entre les travaux d’écriture, les conférences car je tiens à en donner, la peinture, et puis m’occuper un peu de ma maison et puis et surtout mes enfants, mes petits-enfants, ma famille et mes amis, peut-être je vais vite repartir ne sachant plus où donner de la tête…
Et sur l’altiplano il y même des rios…
Et aussi des montagnes aux formes bizarroïdes…
Et des maisons vivantes et des maisons mortes…
Et des poubelles, enfin des déchets car de poubelle, nenni…
Bien sûr il y a de grandes lignes droites, d’environ 20 km chacune, après chaque ligne droite je croyais que ça allait descendre, (oui quelqu’un m’a dit de Cusco à Puno ça descend tout le long, cette personne n’a jamais du venir jusqu’ici… Et puis j’ai fini par comprendre que cet altiplano s’étendait sur des centaines de kilomètres…
Et puis parfois dans l’altiplano se glisse une erreur, cherchez… Le premier qui trouve a droit à une descente sur Orcoz avec des pneus usés, le deuxième une descente sur Pallasca, le troisième, chut, surprise….
Et les lignes droites reprennent, inlassablement, je vais quand même m’offrir deux pique-nique, je vais apprécier le vent quand il se mettra à souffler (trois-quarts dos), je vais moins l’apprécier quand l’orage tonnera et qu’il soufflera si fort qu’il me glacera la joue droite…
Et encore et toujours je vais admirer ces herbes drues…
Quand même je vais avoir un peu peur de l’orage, il est d’abord derrière moi, puis à ma gauche, une lutte s’est engagée entre lui et moi, qui va gagner ?
Lui bien sûr, mais de justesse, juste parce que dans le premier hôtel de Pucara ils peignaient de figurines en terre cuite et que l’odeur me dérangeait trop, je préfère encore ma tente sous l’orage…
Et à Pucara une somptueuse église m’indiquera le chemin d’un autre hôtel, difficile à atteindre car il y a des travaux sur le route et les camions traversent laborieusement les rues étroites de ce village…
Voilà, j’ai arrêté d’écrire pour aller manger au restaurant qui fait hôtel (en demandant car rien ne l’indique…) et je regarde : la duegna qui surveille tout son monde en essuyant les couverts, le garçon de dix ans qui prend les commandes, sert, dessert et au passage fait la vaisselle dans une eau douteuse, un autre garçon du même âge qui joue à une console de jeux, une vieille en guenilles, qui vient, marmonne quelque chose à la duegna puis s’assied dans un coin par terre, la porte grande ouverte sur le froid, tous revêtus selon l’âge de polaires, anoraks et bonnets, quoique pour le hommes plus casquettes que bonnets, ou de multiples couvertures ceintes sur les hanches ou posées en guise de châle sur les épaules, je regarde aussi ma cuisse de poulet, j’ai vu les cagettes congelées et décongelées mille fois attendant leur tour près du congélateur… La majeure partie des convives sont des hommes, ils ont les yeux rivés sur la télé, à leur sourire je sais qui du Paraguay ou du Pérou va gagner le matche de foot… Je vais quand même, malgrè mon envie réfuter la tasse de café, thé, tisane ou malté qui vient clore le repas… Voilà, c’est le Pérou, le vrai, pas celui des touristes… Un Pérou en marche, mais qui a au moins les marches d’Aguas Calientes au Machu Pichu et du Machu Pichu au Maya Pichu à gravir…
Quant à moi, j’ai passé une excellente journée, je sens la forme revenir, je vais dormir dans mon petit drap recousu et mon duvet, bisous tout le monde…