J155 : le désert, suis escortée par la police, la sème, ils se vengent, m’arrêtent et m’emprisonnent…

Samedi 25 juin 2011

Péage sur la Panam -Trujillo

En vélo
Distance parcourue :  62,5 km
Vmoy : 11,5 km/h Vmax : 30,1 km/h
Température : minima : 21°, maxima : 31°
Dénivelée positif : 99  m
Dénivelée négatif : 158 m
Heures sur le vélo : 5H23’44 »
Départ :vers  8 heures 30
Arrivée :  dans la nuit vers 21 heures après les multiples aventures…

Dans les voitures de police je sais pas… Il y en a eu tant, et les attentes et les transferts et ceux qui conduisent comme des malades et les contrôles et contraventions…

Résumé de la journée

  • Objectif : avancer, trouver un endroit sûr où dormir
  • Conditions météorologiques : vent glacial de face mais jambes à l’air, soleil
  • Etat de santé : bon
  • Particularités de la journée : le désert, j’affronte   le ponton le plus long du Pérou, escorte discrète par la police, je la sème, surveillance très rapprochée, arrestation, emprisonnement, libération à Trujillo devant la casa de ciclista…

Je quitte mon péage peu bucolique et surtout bruyant mais avec toilettes et douche… Enfin moi la douche froide c’est que pour me dépoisser, le matin, non…

Un point carte de temps en temps est nécessaire…

Je vais rester quelque temps dans une oasis, de somptueux lauriers roses bordent la route…

Je retraverse la désert…

Et le désert c’est, je suis désolée, le désert me fascine, je vais le faire plus court qu’hier…

Des hommes qui luttent pour vivre dans des conditions hostiles…

Des formes bizarres, on ne sait qui les a façonnées, l’homme ou le vent ?

Bien sûr les sculptures modernes, assorties au klaxonde l’abuela machinchose…

Et l’abuela machinchose elle profite de sa pose déjeuner pour faire sécher ses affaires…

Et le vélo, malgré la présence de temps en temps d’un village il se sent tout seul et il adore, il sait pas encore qu’il est pas vraiment tout seul… l’ordi du cyber l’a vole le bleu du ciel ou celui de ma serviette…

Quand meme il va rencontrer sa premiere boutique de velos…

Un gant perdu lui rappelle qu’ici comme ailleurs tous on casse, pas que les vélos, tous les camions, les voitures, les bus, les motos, les taxi-motos, tous…

La pub, toujours… Mais des fois c’est sympa la pub

Les girafes sont omniprésentes…

Et parfois une usine surgit de nulle part…

Le soleil brille et le vent glacial continue de souffler fort de face ou de trois quart face, je vois bien de temps en temps une voiture de police, mais je ne me doute pas qu’elle est pour moi, je continue à baguenauder, ai du mal à évaluer les distances pour savoir où dormir quand me prend l’idée de faire le détour par un village au bord de la mer, je ne le sais toujours pas, mais je viens de semer l’escorte policière… Oué parce qu’une cycloabuelafluo c’est du genre imprévisible et 5 mn avant de faire le détour pour aller revoir le Pacifique elle savait pas qu’elle allait faire le détour, alors la police elle s’est fait avoir et elle a perdue ma trace, je ne le sais pas encore, je ne sais pas non plus que leur vengeance va être terrible. Je traverse donc la petite ville côtière de Pacamayo.

Mon vélo l’est content car il va pas sur la plage…

Me voici à nouveau devant le Pacifique et je vois que le ponton (la muele) est accessible à pied. J’apprendrais que c’est un des pontons les plus longs du Pérou.

Je laisse mon vélo à la garde de deux femmes qui vendent je sais pas quoi à manger…

Fais une dernière prière au ciel…

Avant je me suis renseignée une dernière fois sur la possibilité de rallier Trujillo dans un bateau de pêche, non c’est trop dangereux, il faut attendre la nuit quand le vent faiblit, et c’est pas toutes les nuits, et il n’y a pas de port, et c’est comme en montagne le créneau de bonnes conditions météorologiques est très court, je renonce…

Et je m’engage sur ce truc, l’entrée est payante, une sole, je dis à la personne qui fait payer que je paierai au retour car mon porte-monnaie est dans mon vélo, ce qui est vrai, au retour je vais payer car je suis pas une voleuse, je dis que c’est cher une sole pour avoir la peur de sa vie, il me dit que de toute façon je ne paie pas, je remercie, cela me fait un quart de paquet de chamallows en plus.

Adieu la terre ferme…

Voilà je m’engage sur ce ponton, c’est hyper impressionnant…

Les vagues s’écrasent avec fracas sous mes pieds…

Les planches sont disjointes…

il y a des trous par où on peut tomber si on ne fait pas attention, certaines sont complètement pourries et le vent souffle fort, et bien c’est plus difficile que de cheminer sans corde, sans piolet, en tête au milieu des crevasses à 5300 mètres et dans le froid et le brouillard. Pour franchir les derniers cinquante ou cent mètres, je sais plus il n’y a plus de barrière protectrice. Deux hommes pêchent, je demande la main de l’un d’entre eux, il me la prêtera jusqu’au bout et même pour tout le retour, m’indiquant où mettre les pieds. Je lui demande si c’est dangereux, oui, c’est dangereux, un homme s’est tué l’an dernier, oh la la la la, y a pas suis plus à l’aise en montagne que sur les eaux. L’homme qui m’a prêté sa main est venu pêcher le week-end, je crois qu’il va raconter à tout le monde qu’il a permis à une française d’affronter le grand danger de la muele…

Aucun des visiteurs ne s’aventurent jusque là…

C’est très hard…

Très, très, très hard…

Je retrouve mon vélo, puis je rejoins la Panam et le désert…

Et là la police ne se fait plus discrète, ils ont trop peur de me reperdre, devant, derrière, devant, derrière, devant , derrière, je prends une photo, elle sera ratée, ils me dépassent et  me font signe de ne pas m’arrêter, quand j’arrive à leur niveau, je leur demande pour Paijan, la zone dangereuse, ils me disent que pas de problème, je suis escortée jusqu’à Trujillo. Les devants derrière commencent à devenir très pénibles, je n’ose plus prendre de photos, n’ose même plus m’arrêter pour boire, je regarde même plus ma carte, je pédale comme une malade avec le vent contre, et je sens bien que la police s’impatiente, je suis à nouveau dans le désert, je sens que j’ai fait une bêtise, j’aurai du aller au village qui est en dehors de la route pour dormir, mais cette escorte policière m’a fait perdre les pédales. Je suis épuisée et ne peux pas faire 50km de désert à cette heure-ci… Les policiers m’arrêtent et me disent que maintenant je vais monter dans leur voiture, je leur dis que mon projet est de faire tout à bicyclette, je propose de faire demi-tour et d’aller dormir au village précédent. Il n’en est pas question, je dois monter dans leur voiture, je demande alors de me laisser à un endroit sûr le plus proche d’ici, ils acquiescent, ils veulent rentrer le vélo avec ses bagages dans la voiture, là ils rêvent, j’ai beau leur dire que ça peut pas rentrer ils essaient, bon ça rentre pas. Je décharge mon vélo.

Un des policiers a envie de faire le trajet avec mon vélo, mais ça va pas la tête ?

Attends moi je veux bien jouer aux gendarmes et aux voleurs, mais là y en a qui trichent, se sont déguisés en gendarme et sont voleurs… Ouf, il revient…

Dans la voiture il y a un b… pas possible, c’est moi qui vais abaisser le siège (et pour l’abaisser il vaut mieux enlever ce qu’il y a dessus) et enlever la plage arrière, eux ils ont jamais fait… Je demande l’autorisation de me couvrir, je commence à me geler, je l’ai. Je donne des conseils pour rentrer mon vélo, mais ils écoutent pas trop, bon on arrive à tout coincer, le vélo, mes bagages, les 3 policiers, moi, entre les pieds j’ai un fusil, j’espère que le cran de sécurité est mis… Quand même ils ont pitié et me donnent à boire un liquide de réhydratation d’une jolie couleur bleu ciel, c’est ce qu’ils boivent eux, je dois boire, bin oui maintenant que je peux je bois, c’est aussi dégueu que le Gatolate, ça a pas la même couleur, là c’est Pepsi qui a le marché, mais ça réhydrate. Ils vont m’emmener à Paijan pour dormir…

Oui sauf qu’à Paijan ils disent que c’est trop dangereux, et ils vont nous transférer mon vélo, moi et mes bagages de patrouille en patrouille, promettant toujours de laisser au village suivant…Je vais ainsi être transférée six fois, en même temps ils font leur vrai boulot : une grande lampe éblouissante est branchée à la batterie de la voiture (oué parce que maintenant c’est la nuit…), l’un éblouit les voitures qui arrivent en face,le deuxième siffle et  le troisième contrôle et moi j’attends la patrouille suivante, et là ça recommence, les bagages,le vélo qui souffre… Dans une des voitures de patrouille nous serons 3 devant… Dans une autre je pourrai aller sur leur ordinateur et montrer ma page sur internet, bon ils sont sympas, sauf deux voitures, ils exécutent les ordres, mais voilà quoi, qu’est-ce qu’il m’arrive, mais moi il m’arrive rien, moi j’ai rien demandé… Mais les ordres sont les ordres, il y a eu 7 attaques, maintenant tous les cyclotouristes sont escortés, moi je les ai énervés un peu car étant totalement imprévisible je les ai semés, d’où la surveillance très rapprochée et  l’arrestation… Gentille quand même l’arrestation, mais ferme… Les ordres sont les ordres… L’avant dernière voiture commande une camionnette… Là je vais avoir la peur de ma vie, celui qui conduit est un jeune qui s’y croit, il conduit à une vitesse folle, double avec des voitures en face, ça passe très juste, nous arrivons dans Trujillo, il va tout faire en double file sans sirène, sans girofare, il va arrêter une voiture qui le gênait, soit-disant qu’il a passé au rouge. Moi je dis rien, juste je me cramponne, j’ai donné l’adresse de la casa de ciclista, nous arrivons il est très tard, presque 21 heures, je sais qu’il faut frapper très fort. Personne…

Mais les voisins sortent, je dis à la police qu’ils peuvent me libérer, là tout va bien. Ils n’insistent pas et me libèrent, ouf.

Les voisins appellent Lucho qui n’est pas chez lui, mais sa femme va venir, entretemps des cyclotouristes rentrent, je dis que ce n’est pas la peine de déranger Lucho et sa femme, je vais m’installer et ne les verrai que demain. Non Lucho vient, il doit être 11 heures du soir, ils m’embarquent chez eux pour me donner à manger, puis me ramènent à la casa de ciclista, je vais inaugurer (pour moi) un autre mode de transport, assise sur le guidon du vélo de Lucho qui conduit très vite et n’importe comment, mais même pas peur… Pour ceux qui ne le savent pas Lucho est un ancien coureur cycliste de niveau international, son fils s’appellent Lans (Lans Amstrong, c’est tout dire…). Minuit sera largement dépassé quand enfin je vais pouvoir dormir… Rude journée… Mais suis quand même la première cyclotouriste du monde à débarquer a la casa de ciclista de Trujillo dans une voiture de police, et une camionnette…

Je sens que la suite du voyage va être difficile, là je sais plus trop quoi inventer pour me rendre intéressante et vous intéresser, je résume pour les nouveaux arrivants :

  • Le chemin emporté par les éboulements dés le 3ème jour au Vénézuela, nécessité de portage, un endroit dangereux à passer, 2 jours sans manger, 1 sans boire, je crois que je vais mourir d’épuisement… Mais y a eu le bivouac dans la jungle…
  • L’attaque des brigands au Vénézuela…
  • Quatre accidents : deux au Vénézuela, celui qui impliquait 4 camions, un chien et une cyclo, moi juste prise en sandwich, celui où le vélo m’a emportée et je me suis cassé le doigt et rompu un tendon. Deux en Colombie : le bus qui a fait voler en éclat mon rétro, celui qui m’ touché la sacoche arrière me propulsant sur l barrière de sécurité. (Mais des milliers d’accidents évités). Je compte pas les chutes dans la boue sans gravité…
  • Deux morsures de chien
  • Des coups de soleil pas possibles, ici ils utilisent des espèces de bas pour se protéger les bras et le visage
  • Des coups de froid pas possibles avec mains paralysées et descente avec freinage très très très limite…
  • L’attaque de la tente par les indiens d’Amazonie avec une énorme pierre (que j’avais pris soin de mettre à disposition…)
  • La pluie qui tombe tout le temps, les éboulements, la pierre qui atteint ma roue avant, les routes coupées
  • Le vol dans un hôtel, ça c’est le plus dur…
  • La faim, les vertiges, dur aussi ça
  • Les multiples maladies, les fièvres à répétition
  • Le bivouac deux jours et deux nuits au bord de la Panam, mais ni mourue ni assassinée
  • A mon passage les volcans se réveillent, la pluie se met à tomber dans le désert, le peuple se révolte…
  • Les arrivées dans la nuit…
  • La prise d’otage à Miranda, Venezuela
  • L’escorte de la moto de la télévision nationale au  Vénézuela
  • La maladie à 3500mètres dans un village de 10 maisons et impossibilité d’avoir une assistance médicale (en bas route coupée et en haut col à 4000 sur une mauvaise piste et 2 heures de voitures pour rejoindre le premier centre de santé…)
  • Le concours de danse
  • Les explosions de tête sur les portes trop petites
  • Les transperçages de jambe par les bestioles
  • L’incubation de la dingue, du palu,de la rage et que sais-je encore
  • La navigation à vue dans le brouillard dans les crevasses à 5300 m sans corde, sans piolet et 1000 mètres de vide à droite et à gauche…
  • Les multiples ennuis techniques de vélo, ceux qui veulent m’aider qui cassent encore plus, allant jusqu’à casser mes outils…
  • L’escorte de la police, l’arrestation, l’emprisonnement
  • MAIS ???? Zéro crevaison….
  • Les immenses joies et émotions là je les raconte pas une deuxième fois, elles sont à jamais dans mon cœur…

Mais qu’est-ce que je vais encore pouvoir inventer ? Je sais pas, je sais pas, je cherche, je cherche…Bisous tout le monde

 

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10 réponses à J155 : le désert, suis escortée par la police, la sème, ils se vengent, m’arrêtent et m’emprisonnent…

  1. Encore une journée gravée au fer rouge dans ta narration à tes enfants, petits enfants et amis durant les longues soirées d’hiver français.
    Besos a tu

    • Francoise dit :

      Tu rigoles, j’espere… Quand je serai bien veille, je serai pas assise aupres du feu ni tricotant la chandelle, et je dirai pas Machin me celebrait du temps que j’etais belle… Non je continuerai a courir deci dela, a etre belle et a etre celebree…
      Besos le vieux

  2. ARDUIN-BOREL Mylaine dit :

    Une prison sans jugement ni de détenus !!!!!! Tient bon, tu vas y arriver.
    Continue des narrations, elles sont mieux qu’un roman et plus courtes.
    BISOUS

  3. Monica dit :

    Bin ! Là j’ai piqué un bon fou rire, il est 0h20 il fait chaud aussi toutes les fenêtres sont ouvertes et les voisins ont pu profiter de mes exclamations incontrôlées déclenchées par la lecture du feuilleton policier-abuela ! + la liste des catastrophes. Oui…j’ai renoncé a mon roman japonais ce soir, pour lire et relire et rire encore de tes aventures rocambolesques.
    Continue pour nous c’est une sacrée bouffée de bonheur de vivre.
    Merci Généreuse Abuela
    Besos

  4. Monica dit :

    Oui j’oubliais , tes photos sont superbes …

  5. jean philippe dit :

    Commençant à te connaître un tout petit peu, rien en fait ne m’étonnes dans ta liste, sauf bien sur le zéro crevaison, es-tu sur que tes roues touchent bien le sol?

    • Francoise dit :

      Je crois que non, mais chut, c’est un secret, le record parait-il c’est 7500 km, moi, selon mes calculs j’approche des 6000, me reste un petit bout avant de devenir la championne, au fait le hollandais s’est fait mordre auusi au Perou, on lui a dit que c’etait pas grave… Je passe… Bisous

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